Un jour j’ai cru mourir. Vraiment, je ne dis pas ça comme une manière de parler... Je pouvais sentir les battements hystériques de mon cœur croyant sa fin proche. Je devais avoir dans les treize ans, à peine plus petite que ceux de mon âge : Une gamine comme une autre. La journée en elle-même reste plutôt floue, identique aux autres, sans vraiment d’événements notables. J’habitais ailleurs, dans une ville plus petite, là où tout le monde se connait, et où le moindre ragot parcours la ville en 20 minutes grand maximum. Il y avait une ancienne bâtisse en partie démolie, et comme bien sûr dans ces cas là, la moitié des gosses de la région s’y retrouvaient « parce que c’était interdit ». On trouvait ça drôle, elle donnait l’impression d’avoir été coupée en deux dans le sens de la hauteur : tout un côté de la Maison était manquant, comme si ceux qui avaient été chargés de la raser s’étaient ravisés juste après avoir commencé…
Spoiler:
Oui, la Maison avec un grand « M », c’est comme ça qu’on la voyait. La Ville n’avait ni les moyens de la restaurer, ni de la détruire, alors elle était restée là, sans bouger pendant des années. Avec le temps et la pluie, beaucoup l’avaient oubliée, mais pas nous, elle était devenue notre terrain de jeu préféré. Kelly – « Pourquoi ce serait à toi de décider d’abord ?! » Je me levais de la chaise poussiéreuse en rotin oubliée par les antiques propriétaires et m’approchais de mon amie du moment. Ma jupe et mon petit chemisier bleu sans manches étaient déjà complètement tachés, mais je m’en fichais royalement, c’était ma mère qui tenait toujours à m’affubler de ce genre d’habits. Après des colères à répétitions, elle avait finit par abandonner et accepter l’idée que jamais je ne reviendrais propre comme un sou neuf. Avec tout ce qu’il y avait d’intéressant à faire, comment elle avait pu croire que je me soucierais d’une chose aussi futile.
J’étais celle qui décidais de tout, ce à quoi nous allions jouer, où et avec qui. Mais en ce moment, avec la chaleur torride du début de l’été, les vêtements collaient à la peau et personne n’avait envie de faire quoi que se soit. Un rôle tacite qui m’avait été assigné et lequel je m’employais à remplir. N’allez pas croire que j’étais cruelle, comme le sont généralement les dirigeants, j’était juste capable d’imaginer plus de choses que les autres. Kris – « Parce que. » La fille du mécanicien de la ville sembla ne pas accepter cet argument, et se leva à son tour pour se planter devant moi. Elle avait au moins la chance de pouvoir porter autant de pantalons qu’elle le voulait. Elle n’était pas de la ville et en tant que nouvelle, elle avait voulut prendre le rôle de « chef », elle n’était pas méchante, mais indéniablement capricieuse.
Kelly – « La Maison ne t’appartient pas. Avant de me donner des ordres, Il faut que tu gagne contre moi. » Le problème, voyez vous, c’est que je tenais à mon petit royaume, et que je détestais perdre. Et je voulais lui rabattre son caquet une bonne fois pour toute. Kris – « D’accord. » Kelly – « Cap’ d’être la première à faire sonner la cloche. » La cloche en question se situait deux étages plus haut sur le toit de la Maison, elle était devenue inaccessible depuis que les bulldozers avaient rasés l’escalier de la partie Nord, et avec lui l’ancienne terrasse. Je lui tendis la main qu’elle serra solennellement : c’était une guerre de territoire. La dizaine d’autres enfants présents n’en croyaient pas leurs yeux.
Même pour les plus téméraires « la cloche » était devenue un mythe que personne n’avait eu le courage de relever jusque là. Le truc, c’est que je connaissais un moyen facile de l’atteindre… Ce n’était pas ma faute si elle venait seulement d’arriver. Nous devions partir du puits situé dans le jardin puis courir le plus vite possible jusqu’au sommet de la maison, la première qui faisait sonner la cloche remportait la souveraineté. Le soleil cognait fort et je savais que j‘allais encore me retrouver recouverte de coups de soleil. Mais maintenant, ça n’avait pas d’importance. Alex – « Partez ! » Nous partîmes toutes les deux aussi vite que nous le permettaient nos jambes. Elle était rapide. Elle atteignit la cuisine la première et se dirigea vers les escaliers. Depuis toujours, il fallait faire attention aux marches sur lesquelles nous marchions, plusieurs d’entre elles avaient déjà lâché, le bois ayant pourrit avec l’humidité.
Les rayons du soleil à travers les fenêtres et les fentes firent ressortir la poussière de l’atmosphère lorsqu’elle trébucha et se coinça le pied dans une des marches. Je bondis sur celle du dessus et connaissant les plus bancales j’atteignis le deuxième étage sans encombre. Je me retournais pour voir la trappe du plafond menant au grenier, de là je savais pouvoir trouver une lucarne me menant sur le toit. Je trainais une grosse caisse dessous et réussis à la déverrouiller. Toute la les toiles d’araignées qui avaient jugées bon d’être construites là me tombèrent dessus. Je les ignorais et m’apprêtais à grimper lorsqu’une main me saisit la cheville et me tira violemment en arrière. Je perdis l’équilibre et me retrouvais par terre, j’aurais sûrement un bleu dans quelques heures… C’était Kelly, elle m’avait rattrapée et pris ma place. Je me précipitais sur elle pour la retenir, mais elle me ferma la trappe dessus et la verrouilla. J’eu beau forcer, rien ne fit. J’avais chaud, mes joues devaient être écarlates, et ma colère commença à gronder. Pour qui se prenait-elle ?!
Avant de commencer le défi, tous les autres m’avaient demandés de gagner, ils ne voulaient pas d’une petite princesse comme chef. En y réfléchissant, c’était risible, nos apparences étaient à l’exact opposé de nos caractères. Elle allait voir qui était la meilleure ! Il y avait un autre moyen de monter. Et si je réussissais, je serais plus près de la cloche qu’elle. Par la moitié détruite... Personne ne s’approchait jamais du bord, instable et souvent en train de grincer, il nous dissuadait plus qu’autre chose. Mais pas aujourd’hui. J’étais déjà au deuxième étage, dans le couloir principal, je pouvais le voir, l’extérieur. Je parcourus les derniers mètres qui séparaient du bord, et lorsque je ne me trouvais plus qu’à 1 mètre, je posais prudemment un pied devant l’autre pour tester la solidité. La cloche avait failli être rasée aussi, elle se trouvait donc juste au dessus de ma tête. Il suffisait que j’arrive à grimper deux mètres à l’extérieur, et la victoire serait à moi. Je réalisais que ce ne serait pas si simple en jetant un coup d’œil en bas…
C’est ce jour là que j’ai réalisé que j’avais le vertige, ou alors ce sont les évènements de cette journée qui sont à l’origine de ma phobie de la hauteur. Qui sait… Toujours est-il que je n’étais pas du genre à renoncer. J’agrippais le bord du mur et me hissais sur le bord extérieur de la fenêtre. J’étais suspendue au dessus du vide et je pouvais entendre les autres en bas me disant d’abandonner, que ce n’était pas la peine d’aller aussi loin. Bien sûr que si ! Cela ne faisait que quelques années que j’avais été désignée comme chef, mais avant je n’étais pas vraiment populaire. C’était Alex, l’ancien meneur, qui avait voulu laisser sa place, et avait décidé de faire un jeu. J’ignore comment, mais j’avais finis par gagner, faisant de moi la nouvelle dirigeante. C’était la première fois que j’étais responsable de quelque chose. Les adultes se disent responsable mais abandonnent toujours lorsqu’on a vraiment besoin d’eux. Je m’étais jurée de ne jamais faire la même chose.
Plus que quelques centimètres, je pouvais la voir, luisant sous le soleil de l’après-midi. Soudain mon pied dérapa du bord, et je ne m’agrippais à la gouttière que d’extrême justesse. Des cris de frayeur retentirent en dessous de moi. Je ne tenais plus que par une main au dessus d’un vide de presque deux étages et demi… J’attrapais le toit de ma seconde main et ramenais mes coudes sur le bord. Une ombre s’étendit presque jusqu’à moi et je remarquais alors que Kelly avait réussit à ouvrir la lucarne, elle venait de la passer et se trouvais à quatre patte sur le toit à une vingtaine de mètres de moi. Jamais. Je tendis la main et effleurais la cloche… A peine une poussée, mais elle suffit pour ôter la rouille qui la retenais et le souffle du vent fit le reste. J’eu à peine le temps de voir le visage rageur de Kelly avant que la gouttière ne lâche…
Je ne réalisais pas tout de suite que j’allais mourir. C’était comme tomber d’une clôture, et ça je l’avais déjà fait. Et puis je vis le ciel… Tombée en arrière, j’avais la tête en bas et les mains qui se tendaient encore vers un bord impossible à atteindre. Je ne me rappellerais jamais d’une autre couleur que ce bleu là pour décrire le ciel. C’était magnifique. Des nuages annonçant un orage s’étaient accumulés sans que personne ne l’ai remarqué. Comment pouvait-on rater un spectacle pareil ? *Mince* C’est la seule chose qui me vint à l’esprit. Je m’étais ratée, c’était tout. Ça me sembla durer une éternité, alors que tous les témoins purent jurer que ça n’avait pas pris plus de deux secondes.
Je suis là maintenant, vous pouvez donc facilement en déduire que j’ai survécue. C’est peu après ça que je suis devenue aussi bizarre que tout le monde le dit. Ils crurent que ça venait du choc à la tête, mais pour être franche, ça date de quelques secondes avant. Même si j’étais tombée sur du velours, j’aurais changée. En tombant, j’avais vu ce que les autres ne voient pas, mais qu’ils ont constamment sous les yeux. Une beauté ignorée, un instant parfait. Et je voulais revivre cette sensation éternellement. Cette excitation, cette peur, cette émotion, cette frustration, cette exaltation… Qu’importe, je la voulais encore, mais si possible sans avoir à perdre la vie. C’est ce que je cherche… Sortir du carcan de l’habitude qui cache tout ce que nous pourrions voir. Je ne parle pas de rêve, mais de la réalité telle qu’on l’ignore… Insensé ?
Dernière édition par Kristeva A. Grimm le Sam 11 Sep - 13:54, édité 6 fois
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Sujet: Re: Kristeva | We're all Mad here... Mer 10 Fév - 14:02
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Dernière édition par Kristeva A. Grimm le Mar 6 Mar - 23:43, édité 7 fois
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Sujet: Re: Kristeva | We're all Mad here... Mer 10 Fév - 14:02
♣ ♦ ♣ - Nathanaël E. Bradbury aka Keanu Reeves Rhalalah, les secrets, hein… Il est revêche au possible, mais il me plait bien. J’ai toujours eu le don d’apprécier des gens pas courants. Et puis au fond, je préfère lui faire confiance, ne me demandez pas pourquoi. Enfin si, demandez pourquoi, il m'a sauvé la vie sacrebleu ! Hum... ça doit jouer ça.